Pain et cirques, à la manière des libéraux
Les belles paroles ne baisseront pas le coût de la vie. Il faut faire les choix difficiles.
“Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.” Si c'est le cas, personne ne fait mieux que le Premier ministre Justin Trudeau. Cette semaine, il a rendu hommage non pas à un, mais deux politiciens de l'opposition, le chef des conservateurs Pierre Poilievre et le chef des néo-démocrates Jagmeet Singh.
Tout d'abord, M. Trudeau a donné sa meilleure imitation de M. Poilievre, en s'enflammant sur la question du logement. L'occasion était l'annonce d'un accord sur le logement abordable entre le gouvernement fédéral et la ville de London :
"Nous sommes confrontés à une pénurie de logements en ce moment, et c'est pourquoi les prix des maisons sont devenus beaucoup trop élevés... Le logement est un problème qui peut être résolu, et nous allons tous le résoudre si nous travaillons ensemble."
L'annonce n'était pas vraiment nouvelle : il s'agissait simplement de la première sortie du Fonds d'accélération du logement de 4 milliards de dollars dévoilé en mars, destiné à réduire les formalités administratives et à accélérer la construction de 100,000 logements. Et devinez qui figure sur la liste des priorités pour ces nouvelles demeures ? Selon le ministre du logement, Sean Fraser, la dynamique a "fondamentalement changé", passant d'un besoin de logements sociaux financés par l'État pour les familles à faibles revenus à un besoin de logements pour les Canadiens de la classe moyenne.
"Les personnes qui vont à l'école méritent d'avoir un logement près de leurs cours. Les gens qui vont travailler méritent d'avoir un logement près de leur lieu de travail, et tout le monde mérite d'avoir un logement abordable près des services auxquels ils ont besoin d'accéder."
Ensuite, M. Trudeau a surenchéri sur M. Singh dans le dossier des épiceries :
"Les grandes chaînes d'alimentation réalisent des profits records. Ces profits ne devraient pas être réalisés sur le dos des personnes qui luttent pour nourrir leur famille... Si leur plan n'apporte pas un réel soulagement à la classe moyenne et aux personnes qui travaillent dur pour la rejoindre, nous prendrons d'autres mesures et nous n'excluons rien, y compris des mesures fiscales."
Voilà encore cette phrase sur la classe moyenne ! De 2015, rien de moins ! Petit conseil au bureau du Premier ministre: trouvez-en une autre. De nos jours, les gens ne travaillent pas pour rejoindre la classe moyenne, ils essaient simplement d'avoir trois repas sur la table.
Au cas où les chefs d'entreprise du secteur de l'épicerie n’auraient pas entendu cette sorite, le ministre de l'innovation, Philippe Champagne, a appuyé à son patron :
"Nous allons commencer par les cinq plus grands épiciers du Canada [qui] représentent environ 80 % du marché, et nous allons chercher des solutions en fixant des délais très précis et des résultats très clairs pour les Canadiens. Nous allons les faire venir à Ottawa, leur parler d'actions significatives et s'ils ne le font pas, il y aura des conséquences."
Des conséquences ? Quelles conséquences ? Champagne imposera-t-il une amende à Loblaws pour avoir vendu des oeufs à un prix excessif ? Ou pour avoir fixé le prix du pain ? (Oh, attendez, le Bureau de la concurrence l'a déjà fait.) Nous ne savons pas quelles seront les conséquences, mais les libéraux ont l'air d'avoir la dent dure.
Pourquoi Trudeau et ses collaborateurs tiennent-ils ces propos, et pourquoi maintenant ? Tout simplement parce que les sondages sont terribles. Vraiment terribles. Selon le dernier sondage d'Abacus Data, les conservateurs mènent par 15 points "alors que la désapprobation à l'égard du gouvernement fédéral fait un bond de 4 points". Ce n'est pas le titre que l'on veut lire au petit-déjeuner lors de la retraite du caucus.
Mais il s'agit de sondages de mi-mandat. Comme indiqué dans le billet de la semaine dernière, en supposant que le NPD ne débranche pas le gouvernement et ne le renverse pas, il reste deux ans sur le carnet de bal des libéraux. C'est une éternité en politique. Ils se disent qu'ils ont le temps de renverser la vapeur - ou, du moins, de donner l'impression de le faire.
Ainsi, de manière classique, le gouvernement reprend le programme de l'opposition, non seulement de gauche mais aussi de droite, dans l'espoir de s'en attribuer le mérite au moment du vote. Paradoxalement, il s'attaque à des problèmes qu'il avait promis de résoudre il y a deux ans. Et il y a quatre ans. Et en 2015, lorsque Trudeau a proclamé pour la première fois : "Nous avons un plan pour rendre le logement plus abordable pour ceux qui en ont le plus besoin - les personnes âgées, les personnes handicapées, les familles à faible revenu et les Canadiens qui travaillent dur pour rejoindre la classe moyenne."
Malheureusement, les libéraux sont déterminés à ne pas faire ce qui serait vraiment utile : des choix difficiles qui permettraient à la fois de freiner la demande de logements et de s'attaquer aux causes profondes de l'inabordabilité. En toute honnêteté, les conservateurs ne le font pas non plus : leur proposition en matière de logement se résume à un mélange de carottes et de bâtons, l'accent étant mis sur les bâtons. Et aucun des deux ne s'attaquera à l'éléphant dans la pièce en ce qui concerne les prix de l'épicerie. Peut-être pensent-ils qu'il est plus facile de s'en prendre aux villes et aux entreprises. Mais cela n'empêchera pas la douleur à la caisse et ne mettra pas un toit au-dessus des têtes qui en ont cruellement besoin.
Alors, que pourraient proposer d'autre les deux partis ? Voici sept solutions pour remédier à la pénurie de logements et faire baisser les prix des produits alimentaires, et les raisons pour lesquelles nos hommes politiques les laisseront probablement de côté :
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