Ce que je n'ai pas pu voir au congrès des conservateurs
Ils m'ont refusé mon accréditation médiatique, mais il y a toujours l'internet !
Les conservateurs doivent être félicités pour leur congrès sans pareil. Même à travers un écran d'ordinateur, on peut sentir son énergie. La foule est nombreuse, bruyante et heureuse. Les orateurs sont passionnés et fidèles à leur message. Même l'ancien progressiste-conservateur Peter MacKay a appelé à l'unité et a attaqué les libéraux avec la férocité d'un lion. Si vous étiez leur chef Pierre Poilievre, vous ne pouviez pas espérer une meilleure journée,
Le discours de MacKay est remarquable pour une autre raison : il a prononcé le nom"Pierre" tellement de fois qu'on en a perdu le compte.
"Pierre croit en l'État de droit... Pierre croit au droit de manifester pacifiquement... Pierre croit fermement en la défense nationale... Pierre croit que notre environnement naturel fait partie de notre patrimoine ... Comme vous, Pierre en a assez des libéraux..."
Ce n'est pas tant le parti conservateur que le parti Poilievre. Il a été façonné autour de son image et de son histoire, répétée sans cesse : né d’une mère célibataire, adopté par deux professeurs Albertains, il a réussi grâce à son intelligence et à son travail acharné. Pas de cuillère en argent, pas de liens avec l'élite laurentienne. Le parti conservateur est désormais le parti des "gens ordinaires" : le plombier, la serveuse, le camionneur, dont le "gros bon sens" est nécessaire pour réparer un Canada brisé.
Et les Canadiens en raffolent.
Les conservateurs sont à 40 % dans les sondages, les points positifs de M. Poilievre l'emportent sur ses points négatifs et il est le choix préféré des Canadiens pour le poste de Premier ministre. Si des élections avaient lieu aujourd'hui, il les remporterait, peut-être même haut la main. Il est clair que les conservateurs savent ce qu'ils font. Et, ironiquement, ils ont emprunté le manuel de jeu du parti qu'ils veulent justement vaincre.
Le Parti conservateur est aujourd'hui un culte du chef, tout comme le Parti libéral l'était en 2015 sous Justin Trudeau. En troisième place, les libéraux sont revenus au pouvoir grâce à Trudeau. Il était l'enfant chéri qui ne pouvait pas faire de mal. Il parlait d'espoir et de voies ensoleillées. Il était accompagné partout par sa belle épouse et ses jeunes enfants, qui interrompaient parfois ses discours. Et il a su profiter de l'air du temps : une haine quasi pathologique pour le Premier ministre conservateur Stephen Harper, qui avait dépassé sa date de péremption après neuf ans et trois gouvernements.
Cela vous rappelle quelque chose ?
Quelque part, de hauts responsables libéraux se rongent les ongles, s'il leur en reste.
Karma is the thunder
Rattling your ground
Karma's on your scent like a bounty hunter
Karma's gonna track you down
Step by step from town to town…
Même le soutien de M. Poilievre au convoi de la liberté, un sujet que les libéraux espéraient utiliser contre les conservateurs lors des prochaines élections, a été peaufiné afin de le rendre compréhensible pour l'électeur moyen. Le soutien au convoi a été présenté comme de la compassion pour les démunis - et avec tant de Canadiens qui se sentent démunis ces jours-ci en raison de la période économique difficile, ce n'est pas un mauvais pari. Le fait qu'Ottawa soit devenu une fête de rue hors-la-loi pendant trois semaines et que l'économie ait perdu des milliards à cause du blocage des frontières résonne peut-être moins que les jeunes qui renoncent à posséder une maison, les gens de la classe moyenne qui se rendent dans les banques alimentaires, et l'impression que Trudeau ne se soucie pas d'eux, mais Poilievre, lui, s'en préoccupe.
Chaque fois qu'un orateur a fait référence au convoi lors de la convention - directement, par le mot camionneur, ou indirectement, en accusant Trudeau de ne pas écouter les gens qui souffrent - la foule s’est emparée. Même MacKay, ancien procureur général, ministre de la justice et défenseur de la loi et de l'ordre, a rejoint le club dans son discours de midi : "Pierre travaillera avec les Canadiens, il ne les insultera pas", a déclaré MacKay. "Il se présentera, fera preuve de compassion et écoutera ceux qui luttent.” C'est devenu le parti des conservateurs du convoi, et ils pensent que le Canada peut aussi en être le pays.
Jusqu'à présent, tout va bien. Mais il y a une mouche dans l'engrenage. Quelque chose qui pourrait faire dérailler le train de la liberté des conservateurs et mettre en péril les perspectives électorales de Poilievre. Et cette chose, c'est...
Keep reading with a 7-day free trial
Subscribe to In My Opinion to keep reading this post and get 7 days of free access to the full post archives.